Omnium aux JO 2024 : le chef-d’œuvre de Benjamin Thomas, « chasseur » à sang-froid et médaille d’or (2024)

Dans la famille Thomas, depuis trois générations, on pose des charpentes. Une poutre, puis une autre, jusqu’à la dernière et au bout, un toit, à Lavaur (Tarn) et les environs. Ce qu’a réalisé Benjamin Thomas, jeudi 8août, sur la piste en pin de Sibérie du Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines), tient de l’atavisme familial. Son omnium olympique, c’est la charpente de Notre-Dame. Quatre courses, quatre poutres posées avec doigté, calcul, et ce qu’il faut de chance pour que tout tienne en équilibre. Et au bout, une médaille d’or et une Marseillaise qui a fait fondre le fils de charpentier.

L’omnium est la compétition qui sacre le plus complet et le plus malin des pistards, sur quatre courses qui s’enchaînent en trois heures, exigeant des qualités de patience, d’endurance, de vitesse pure et de récupération. La soirée de Benjamin Thomas amène les questions suivantes. Comment peut-on analyser la course si froidement dans un endroit si chaud, ce vélodrome qui transpire à grosses gouttes? Comment réfrène-t-on ses attaques quand la foule hurle à chaque démarrage? Comment ne pas se perdre dans les additions lorsqu’on tourne à 60kilomètres par heure sur l’anneau? Comment jeter un coup d’œil à l’écran géant pendu au toit du vélodrome, tout en faisant taire la douleur qui mord les jambes et en allant frotter son pédalier avec les voisins?

Première piste: en faisant des mots croisés à l’ombre d’un parasol, comme Benjamin Thomas en début d’après-midi, dans le jardin du château qu’occupent les cyclistes français depuis le début des Jeux. Le matin, il est allé rouler trois quarts d’heure avec l’entraîneur de l’équipe de France, Steven Henry. Ils n’ont pas parlé de vélo. L’après-midi, il est arrivé au vélodrome comme pour un entraînement, à l’en croire. «A Tokyo [favori, il avait terminé quatrième], j’avais la boule au ventre en arrivant au vélodrome. Là j’ai couru libéré. J’étais serein, un truc de fou.» «On n’avait pas l’impression qu’il allait faire un omnium», confirme Steven Henry.

«J’étais en pilote automatique»

Deuxième piste: en suivant son plan. Là, c’était un plan chasse. La tête du classem*nt, Benjamin Thomas n’en voulait pas jusqu’à la course aux points, la poutre faîtière de l’omnium. Une épreuve difficile à lire pour le néophyte mais que lui maîtrise comme l’alphabet. Une course où le classem*nt de l’omnium peut être renversé, à condition de la débuter dans les cinq ou six premiers. «A Tokyo, il était chassé. Or, c’est une course difficile à maîtriser. Là, il voulait être chasseur toute la journée», décrypte Steven Henry.

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